Ecole normale supérieure de Cachan
0852-LAV-FR-2013
Architect: Lacaton & Vassal
Status: Competition (2013)
Visualizer: Studio
Budget: 145.000.000 €
Scale: 65.268 ㎡ Large
Ratio: 2.221,61 €/㎡
Types: Education, School

Au-delà des programmes, des règles, des normes, les bâtiments sont beaux lorsque les gens y sont bien, lorsque la lumière y est belle, et l’air agréable, quand l’échange avec l’extérieur semble facile et doux, lorsque la vie y est simple, les usages et les sensations inattendus…
L’architecture a cette capacité de rendre indissociables, l’exactitude et la poésie, la rigueur et la liberté, la précision et le rêve.

Création d’un lieu singulier

En préalable à toute autre chose, le projet s’attache à créer un lieu singulier pour donner l’envie de s’y installer. Sur ce plateau de Saclay, vide et plat, sans point d’attache, ce lieu sera une forêt.
1 ha en pleine terre, planté d’emblée avec de très grands arbres, comme si elle était déjà là, quand l’ENS viendra s’installer. Forêt artificielle, à l’apparence naturelle, elle emprunte une identité à l’histoire du site, à sa géographie antérieure et la forêt qui l’occupait. Elle s’installe sur le sol naturel, à trois mètres en dessous du niveau de la rue, permettant de dilater la hauteur, d’éclairer naturellement l’étage en sous-sol et d’optimiser son utilisation.

Cette forêt-jardin, magnifique cadre de travail, devra être extraordinaire dès l’arrivée de l’ENS. Pour cela, les arbres seront mis en pépinière, très tôt, de manière à disposer de beaux sujets au moment de la plantation

En hauteur, au niveau de la canopée, un jardin de roses, en filigrane, cerne le bâtiment. Les rosiers ramènent un morceau de Cachan, le charme des petits jardins des pavillons autour de l’Ecole et de ses massifs de fleurs, comme une accumulation légère et joyeuse des histoires, plutôt qu’une rupture.

Le bâtiment se cale en anneau sur la périphérie du terrain, en suivant les limites extérieures, pour mieux dilater le coeur du terrain et permettre de créer ce jardin singulier et extraordinaire. Il développe 5 plateaux au-dessus du rez-de-jardin, occupant au maximum la hauteur du gabarit enveloppe, pour réduire son emprise au sol, soit 7 niveaux disponibles. Le projet s’implante à l’alignement de la limite du terrain à partir du R+1, tandis que le rez-de-rue et l’entresol sont en retrait et distanciés de l’espace public par un «parvis» végétal. L’impact au sol est minimisé (66 %).

Une structure qui crée la capacité, la flexibilité, la liberté

Nous voulons rendre la situation facile, optimale, dès le début et de mettre en place un dispositif qui permet de créer la capacité, la flexibilité et la liberté d’évolution souhaitée, immédiate et future. L’économie, la précision, la rationalité du projet le permettent.

Une structure simple, efficace et ouverte, de poteaux et planchers, sur une trame régulière de grande portée, permet de déployer de vastes surfaces de plateaux libres, bien éclairés par des façades vitrées. Cette structure, composée d’éléments préfabriqués, aux dimensions optimisées, issus de la préfabrication industrielle, permet de réaliser économiquement, de grandes surfaces de planchers. La trame des façades, indépendante de celle de la structure, et les surfaces de planchers desservies par un réseau régulier de circulations verticales, hors trame, offrent une flexibilité possible dans le temps.

Un niveau libre à mi-hauteur, crée les conditions d’évolution et de transformation

Cet espace, non programmé, résulte de l’utilisation optimale de la capacité règlementaire de la hauteur, et de l’économie de projet. Libre de programme, il constitue une réserve, offrant une grande facilité d’extension, d’installation, sans avoir à agrandir ni surélever. Seule l’enveloppe sera à faire. Cet espace occupant un plateau entier, à mi-hauteur du bâtiment, offre une capacité importante de dilatation de tous les entités de l’ENS, espaces partagés, vers le haut, départements et laboratoires vers le bas. La simplicité de mise en oeuvre et la répétitivité du système constructif permettent de maîtriser les coûts et de construire cette surface supplémentaire dans l’enveloppe budgétaire allouée au projet.

L’occupation pourra se faire fragment par fragment, en fonction des besoins, des évolutions et des projets. En attendant, c’est un belvédère, promenade, à hauteur des arbres, également disponible pour des usages temporaires, projets éphémères.

Fonctionnement

L’organisation fonctionnelle suit au plus près l’organigramme du programme. Les grandes entités fonctionnelles se superposent, occupant chacune un niveau différent. L’organisation en anneau, à l’inverse d’une conception de bâtiments séparés et indépendants, met les entités en boucle et favorise la transversalité, les échanges d’un département à l’autre et la pluridisciplinarité voulue et caractéristique de l’ENS.

Il permet néanmoins, des glissements ou des ré-ajustements, si le programme évolue. L’administration se situe en dehors de la boucle, pour ne pas interrompre la continuité, et la flexibilité.

Les grandes entités de l’ENS, forment deux grands ensembles fonctionnels superposés dans la hauteur.
En bas, sur 3 niveaux très largement connectés, le rez-de-jardin, au niveau du sol de la forêt, le rez-de-rue, au niveau du deck et des rues adjacentes, et l’entresol. Ils comprennent les lieux ouverts au public, au niveau rue, les fonctions partagées et espaces mutualisés, ainsi que les départements et labos de Génie Civil et Mécanique.
L’entresol, comprenant le plus grand nombre de salles de cours, réunions, espaces de travail, est l’étage distributeur, qui permet l’accès à tous les départements et laboratoires.

En hauteur, 3 étages abritent les départements d’enseignement R+2, les laboratoires de recherche R+3 et les instituts de fédératifs de recherche, IDA, FARMANN et MSH, formant un R+4 partiel. Les départements et labos s’organisent entre les espaces de convivialité, répartis régulièrement sur la périphérie des plateaux, toujours associés aux circulations verticales, qui font interface entre deux départements.

Entre les deux ensembles fonctionnels, l’étage libre permettra de recevoir les extensions des deux ensembles, au sein d’une structure déjà réalisée, entre deux planchers, desservie et alimentée par les réseaux.

Approche environnementale

Elle donne de l’importance à la qualité de vie, à la notion de confort fondée sur les ambiances, les usages, la relation avec le contexte. L’architecture s’accomplit dans la manière de créer de l’air, de l’espace, des relations, un climat, de la capacité d’usages.

La lumière naturelle est une qualité essentielle, pour le confort de travail, ainsi que la transparence, pour profiter des vues sur l’extérieur, de la présence très proche des arbres du jardin.

Les grandes baies vitrées coulissantes sont des dispositifs simples, efficaces et agréables, pour aérer, sortir à l’extérieur, sur un balcon, se reposer, regarder, réfléchir, prendre l’air, discuter avec son voisin de bureau,…
voir de l’autre côté, pour passer d’un bureau à l’autre, aussi, quand il fait beau.
Les façades sont composées de plusieurs éléments : châssis entièrement vitrés, balcons, stores extérieurs à lames orientables, et rideaux thermiques pour définir le meilleur confort en toutes saisons.

La ventilation naturelle sera privilégiée notamment pour les bureaux en complément des systèmes mécaniques pour les locaux particuliers. La forêt-jardin a un rôle important pour le confort et la régulation thermique du site et du bâtiment : qualité du cadre de vie, ombrage naturel, apport de fraicheur l’été, mouvements d’air, etc.

L’économie du projet fait intrinsèquement partie de notre approche environnementale. Dépenser mieux.
La simplicité des systèmes et de leur mise en oeuvre, la préfabrication, le travail sur les séries, permettent la maîtrise des coûts de construction. Elle rend possible l’intégration dans le budget du coût des surfaces supplémentaires, comme l’étage libre, les linéaires de façades et de balcons, des plantations généreuses généralisées. Ceci ne se fait pas au détriment de la qualité, mais par une optimisation permanente de tous les éléments de la construction et de la matière. Nous attachons un importance particulière au respect du budget.

La notion de confort ainsi définie, ne doit pas être restreinte par une vision strictement normative, et l’application des solutions standard, qui normalisent et uniformisent l’architecture.
Il s’agit d’inventer.

Notre approche part résolument du dedans vers le dehors, de la perception, des sensations, de la notion d’habiter. Elle renvoie au plaisir, à la liberté d’occuper un espace. Construire par l’intérieur est une intention de précision et d’attention à ses occupants. L’architecture revient à construire des multitudes de situations d’usage, connectées et croisées.

La conception architecturale et une ingénierie précise et affinée, doivent permettre de rendre totalement compatibles la rigueur technique, la performance et les valeurs sensibles : le confort, incluant toutes les sensations, et la notion incalculable du plaisir.

Team: Anne Lacaton, Jean Philippe Vassal, Frédéric Druot | Collaborator: Gaetan Redelsperger, Cloé Cazade | Post date: 01/04/2014 | Views: 2.442